"ELECTRIC FRIENDS" Par Energy Whores
- Ryann
- il y a 6 jours
- 4 min de lecture

Energy Whores est le type de groupe qui vous fait vous sentir vivant, révolté et électrisé à la fois. Émergent des profondeurs d’un studio DIY dans un sous-sol de New York, ce duo avant-électronique — dirigé par la pianiste classique, cinéaste indépendante et productrice Off-Broadway Carrie Schoenfeld, aux côtés du guitariste Attilio Valenti — a su se créer un espace distinct dans la scène musicale indépendante mondiale. Leur dernier single, "Electric Friends", illustre parfaitement la capacité du groupe à mêler narration, politique et rythme palpitant dans une déclaration cohérente et inoubliable. C’est une parabole hantée de l’isolement numérique, un morceau qui capture l’aliénation de la vie contemporaine tout en conservant une énergie cinétique et dansante qui refuse de passer inaperçue.
Dès les premières pulsations des synthés, "Electric Friends" instaure une tension sonore qui reflète le cœur thématique du morceau : le paradoxe de la connexion à l’ère de la surcharge numérique. La voix de Carrie, tranchante, incisive et puissante, traverse les couches d’instruments électroniques avec une précision à la fois confrontante et intime. Il y a un art dans ce chaos ; le morceau équilibre une production complexe avec une immédiateté brute qui maintient l’auditeur en alerte. Ce n’est pas une musique conçue pour une consommation passive. Chaque battement, chaque distorsion, chaque glitch est un geste délibéré — un appel à la conscience autant qu’une invitation à bouger. Le son d’Energy Whores a toujours défié les classifications faciles, et ici le duo démontre sa signature : une approche qui mélange l’énergie rebelle de l’électropunk, le tranchant satirique de l’hyperpop et la richesse narrative du rock expérimental.
Les paroles de "Electric Friends" sont aussi captivantes que la musique elle-même. L’écriture de Carrie Schoenfeld est sans peur, et dans ce morceau, elle confronte les effets isolants de la technologie moderne avec la clarté perçante d’une commentatrice sociale. Ses mots transpercent le vernis poli de la culture numérique, révélant la solitude, l’anxiété et la fragmentation émotionnelle cachées derrière les fils d’actualité soigneusement construits. Pourtant, malgré la gravité des thèmes abordés, la chanson est teintée d’un humour noir qui empêche toute didacticité. Energy Whores excellent dans l’art délicat de marier critique et divertissement : leur musique est à la fois un reflet de la mélancolie contemporaine et une expérience auditive irrésistible. Les auditeurs sont mis au défi, certes — mais sont également poussés à bouger, danser et réfléchir en même temps.
Le parcours d’Energy Whores, depuis leurs singles phares de 2023 jusqu’à l’attention critique qu’ils ont reçue de la part de médias comme CLASH et Fame Magazine, les positionne comme l’une des voix les plus intransigeantes de la musique électronique avant-gardiste aujourd’hui. Des titres comme Hey Hey Hate et Pretty Sparkly Things illustrent leur capacité à mêler protestation et critique avec une énergie contagieuse, créant un catalogue à la fois stimulant intellectuellement et musicalement séduisant. Leur travail floute systématiquement la frontière entre performance artistique et musique, utilisant les rythmes électroniques à la fois comme moyen de rébellion et comme véhicule de narration. Cette dualité est particulièrement évidente dans "Electric Friends", où une précision cinématographique rencontre un rythme percutant, donnant naissance à un morceau à la fois viscéralement satisfaisant et intellectuellement provocant.
En regardant vers leur album Arsenal of Democracy, prévu pour 2025, Energy Whores semblent prêts à élargir encore davantage leur palette sonore. Prévu en vinyle pour octobre, l’album promet une fusion d’EDM, d’electro-pop, de rock expérimental et de synth-pop, le tout accompagné d’un lyrisme inspiré du folk et d’une critique sociale acérée. C’est un témoignage de la polyvalence et de l’ambition du duo : leur musique engage à la fois le corps et l’esprit, associant des mélodies dansantes à des paroles qui confrontent l’injustice, l’autoritarisme et l’avidité omniprésente des puissants. Le contraste entre mouvement et message est une caractéristique essentielle de l’art de Carrie Schoenfeld. Comme elle le déclare elle-même : « Je n’écris pas de chansons d’amour. J’écris des panneaux d’avertissement. » Cette philosophie imprègne chaque battement, chaque ligne et chaque choix de production, positionnant Energy Whores non seulement comme des musiciens, mais aussi comme des chroniqueurs des réalités chaotiques et parfois brutales de la vie contemporaine.
Ce qui distingue véritablement Energy Whores, c’est leur capacité à fusionner profondeur émotionnelle et expérimentation sonore. Les récits de Carrie sont vivants, poétiques et sans concessions, capables de transporter l’auditeur dans des paysages dystopiques, des crises existentielles et des champs de bataille émotionnels intimes. En même temps, la musique elle-même est une merveille de composition dynamique, combinant les textures superposées des paysages sonores électroniques avec l’audace structurelle du rock expérimental. Chaque morceau est soigneusement conçu, mais jamais stérile ; il existe une tension organique qui rend la musique vivante, urgente et pertinente. Que ce soit par la pulsation hypnotique d’un synthé ou l’énergie explosive d’un riff de guitare distordu, le son du groupe est immersif, stimulant et impossible à ignorer. "Electric Friends" est l’introduction parfaite à cet univers, un aperçu concentré de la puissance émotionnelle et auditive qui définit Energy Whores.
En fin de compte, Energy Whores est bien plus qu’un simple groupe : c’est un manifeste en mouvement. "Electric Friends" illustre leur approche intrépide de la création musicale : un mélange habile de conscience politique, de profondeur narrative et de production électrisante. La déclaration de Carrie Schoenfeld se qualifiant de « insurgée sonore » et d’« incendiaire lyrique » n’est pas une hyperbole ; elle se retrouve dans chaque aspect du travail du duo. Ils n’évitent pas les sujets difficiles et ne compromettent jamais leur vision artistique. Leur musique est un miroir tendu à la société, parfois fissuré, parfois ensanglanté, toujours sans filtre. Pour les auditeurs prêts à s’engager, c’est non seulement une expérience musicale exaltante, mais aussi un défi, une provocation et une invitation à affronter le monde les yeux grands ouverts. Avec "Electric Friends" et au-delà, Energy Whores se prouvent comme l’un des actes les plus audacieux et nécessaires de la musique électronique contemporaine — un groupe qui affirme que l’art doit confronter, déstabiliser et, ultimement, éveiller.
Écrit par Ryann









Commentaires