"GONE" Par I, Captain
- Ryann
- 22 avr.
- 4 min de lecture

Originaire de l’ouest de l’État de New York, Pete Rogers, l’esprit créatif derrière I, Captain, revient avec un nouvel EP électrisant qui ressemble à un plongeon tête la première dans des eaux inconnues. Délaissant le brouillard cosmique de son précédent album Outer Space, Rogers adopte ici une approche bien plus brute et immédiate. Ce recueil de quatre morceaux ne se contente pas d’opérer un simple virage musical : il entre en collision avec de nouvelles sonorités. Le titre phare, “Gone”, incarne à merveille l’esprit de cet EP, mêlant une énergie volatile à des accroches mélodiques irrésistibles. Rogers réussit ce tour de force rare : incendier les règles tout en créant des chansons qui restent accueillantes, prouvant que l’évolution de I, Captain n’est pas un simple détour, mais un véritable saut en avant.
Dès les premières secondes, il est évident que ce disque refuse d’être enfermé dans un seul genre. Les murs des catégories musicales volent en éclats tandis que Rogers fusionne l’urgence acérée du punk avec l’architecture complexe du rock progressif. Les fans qui s’étaient épris des paysages oniriques d’I, Captain seront ici brutalement secoués : guitares agressives, lignes de basse sinueuses et changements rythmiques imprévisibles imposent leur loi. Les influences de légendes du punk comme Nomeansno, Firehose, Primus et les Minutemen vibrent dans chaque note, mais Rogers ne se contente pas de les imiter : il distille leur esprit insatiable pour en tirer une essence profondément personnelle. L’empreinte du rock progressif façon Pink Floyd est aussi présente — non pas par des envolées psychédéliques, mais par un sens aigu du détail et une cohérence structurelle impressionnante. C’est un tourbillon musical parfaitement maîtrisé.
Au cœur de cet équilibre périlleux se trouve “Gone”, le morceau gravitationnel de l’EP. Avec ses lignes de basse anguleuses et ses voix fluides et rythmiques, “Gone” est une véritable leçon de tension musicale : toujours sur le point de déraper sans jamais sombrer. Rogers superpose groove et chaos, transformant des rythmes bancals en moments de danse émotive. Le morceau palpite d’une folie contrôlée : les guitares grondent et se cabrent, la batterie tressaille avec une précision fébrile, et la voix oscille entre facilité mélodique et phrases tranchantes. Chaque élément de “Gone” semble prêt à s’effondrer, mais la maîtrise de Rogers maintient tout ensemble dans une dynamique captivante. C’est un exercice d’équilibriste rare, qui réussit à créer une atmosphère d’abandon tout en gardant la main sur le gouvernail.
Ce qui donne toute sa force à cet EP — et particulièrement à “Gone” —, c’est la clarté de son intention artistique. Il ne s’agit pas d’un simple assemblage de morceaux mis de côté ; chaque chanson a été choisie pour sa capacité à s’intégrer aux meilleures œuvres précédentes d’I, Captain. Le résultat est un ensemble à la fois spontané et réfléchi. On sent que Rogers donne libre cours à ses instincts les plus sauvages, sans jamais oublier son expérience d’auteur-compositeur chevronné. “Gone” incarne parfaitement ce paradoxe : une chanson qui donne l’impression d’être un heureux accident, tout en étant visiblement méticuleusement pensée. Rogers transforme des esquisses brutes en paysages sonores vibrants et vivants, faisant de ce qui aurait pu être une simple collection de faces B une véritable expédition musicale aboutie. C’est une preuve éclatante de son engagement pour l’authenticité.
La production joue également un rôle crucial en capturant l’essence brute et vibrante de l’EP. Rogers fait le choix judicieux de ne pas noyer ses chansons sous des couches de vernis de studio. À la place, il met en avant l’urgence d’une performance live tout en polissant suffisamment les détails pour affiner l’ensemble. Les guitares rugissent et chantent, les lignes de basse avancent avec une détermination sauvage, et la batterie pulse comme un cœur électrique. Chaque morceau respire, tourbillonne, évolue au gré des humeurs et des textures. En particulier sur “Gone”, le mixage révèle à la fois la fragilité et la fureur intrinsèques de la chanson — chaque grincement de guitare, chaque déviation rythmique subtile, chaque accroche vocale éphémère est magnifié. C’est une immersion totale : on n’écoute pas cet EP, on le vit, chaque note vibrant jusque dans nos os.
Au final, ce nouvel EP est une déclaration sans peur de l’évolution artistique d’I, Captain. Loin d’être un simple pont entre deux projets majeurs, cette sortie marque un chapitre palpitant à part entière — une exploration de genres, de textures et d’émotions lancée à toute vitesse. “Gone”, avec toute sa gloire électrifiée et chaotique, en est le centre parfait : une chanson qui capture à la fois la folie du moment et la réflexion qui se cache derrière. Que vous soyez un fan de la première heure ou un nouveau venu dans l’univers d’I, Captain, cet EP réclame votre attention. C’est le son d’un artiste qui démolit avec jubilation les conventions musicales pour mieux les reconstruire, sans jamais perdre de vue l’émotion humaine qui bat en dessous. Ici, I, Captain ne fait pas que naviguer sur des mers inconnues — il trace de nouvelles cartes pour nous guider.
Ècrit par Ryann
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