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“JUST GIMME ONE MORE” Par Lucas Floyd (Faith In Foxholes)

  • Ryann
  • 19 mai
  • 3 min de lecture


Dans un paysage musical souvent saturé de refrains préfabriqués et de productions trop lisses, Faith in Foxholes apparaît comme une voix authentique et rafraîchissante. Mené par Lucas Floyd, originaire d’Albuquerque, ce projet est à la fois un sanctuaire sonore et un champ de bataille intérieur, où la tension entre vulnérabilité et résilience s’expose sans filtre. Avec son nouveau single “Just Gimme One More”, Floyd livre un morceau aussi bouleversant qu’efficace, annonciateur de son prochain album, “Zander & the Blue Things.” Ce morceau ne se contente pas de demander à être écouté — il exige d’être ressenti.


Dès les premières secondes, “Just Gimme One More” accroche l’auditeur avec une progression de guitare sobre, presque hésitante — comme si elle avait été enregistrée dans une pièce silencieuse au milieu de la nuit, à l’heure où les pensées sont les plus bruyantes et le sommeil le plus lointain. Le jeu de guitare n’est ni flamboyant ni minimaliste ; il évolue entre la familiarité et l’innovation, puisant dans les traditions folk et alt-rock tout en les tordant vers un registre plus introspectif et émotionnel. Quand Lucas pose sa voix sur les premiers mots, son timbre est brut — parfois au bord de la rupture, non pas par manque de maîtrise, mais sous le poids des émotions qu’il partage. Cette authenticité vocale rappelle des artistes comme Elliott Smith, Bright Eyes, ou le premier Bon Iver — des musiciens ayant fait de leur fragilité émotionnelle une force artistique.


Sur le plan des paroles, “Just Gimme One More” est une supplique, un appel à la connexion, à la réconciliation, ou peut-être simplement à la grâce d’être encore un peu présent dans la mémoire de l’autre. Le refrain, qui répète la phrase-titre, agit comme un mantra, une prière désespérée, non seulement adressée à quelqu’un d’autre, mais aussi peut-être à la vie elle-même. Les paroles sont volontairement ouvertes, mais dans le bon sens — elles laissent de l’espace à l’auditeur pour y projeter ses propres chagrins, regrets ou pertes. Qu’on l’interprète comme un cri lancé à un·e ancien·ne amant·e, à un·e ami·e disparu·e, ou comme un adieu symbolique à une ancienne version de soi-même, l’émotion centrale reste poignante. Floyd évite les clichés en refusant toute résolution facile — il n’y a pas de fin heureuse promise, aucun apaisement simpliste, seulement une beauté douloureuse qui persiste.


Ce qui rend ce single particulièrement captivant, c’est son rythme émotionnel. Plutôt que de s’orienter vers un crescendo spectaculaire ou une explosion sonore, le morceau construit sa tension avec subtilité. Les éléments sonores s’ajoutent lentement — une ligne d’harmonie tremblante ici, un écho percussif lointain là — pour culminer dans un moment de quasi-silence, avant que le refrain ne revienne, plus pressant que jamais. La production reste modeste mais précise. Aucun effet superflu, rien qui ne détourne de l’essentiel : le cœur battant de la chanson. C’est cette retenue qui donne toute sa puissance à “Just Gimme One More”. Dans un monde qui privilégie souvent le spectaculaire à la sincérité, Lucas Floyd opte pour un courage plus discret — celui de se mettre à nu, sans artifice.



Il convient aussi de souligner à quel point “Just Gimme One More” donne le ton du futur album “Zander & the Blue Things,” annoncé comme ayant été écrit à la suite d’un drame personnel. Si ce morceau est un indicateur fiable, les auditeurs peuvent s’attendre à vivre une expérience profondément cathartique. Les thèmes de la perte, du manque, et de l’émotion non résolue y sont présents et traités avec une grande délicatesse poétique. Floyd ne sombre jamais dans le mélodrame ; il construit plutôt des chansons sincères et vécues. Son écriture témoigne d’une maturité rare, surtout pour quelqu’un qui plaisante à propos de sa place « presque dernier » dans le département de musique de l’université. Peut-être qu’échouer selon les standards académiques a été sa meilleure chance — libéré des attentes formatées, Floyd a trouvé sa propre voix : tendre, rugueuse, et pleine d’âme.


Dans la scène indie/folk actuelle, “Just Gimme One More” est un rappel du pouvoir des choses simples bien exécutées. Pas besoin de ruse technologique ou de couches d’effets quand l’écriture est aussi forte et l’intention aussi claire. Faith in Foxholes ne cherche pas à devenir viral — il cherche à toucher la personne qui, à 3h du matin, se demande si quelqu’un d’autre a déjà ressenti une telle solitude. Et dans cette mission, il réussit brillamment.



Ècrit par Ryann

 
 
 

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