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"OUT IN THE NIGHT" Par Mercy Kelly

  • Ryann
  • il y a 6 jours
  • 4 min de lecture
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Avec leur nouveau single “Out in the Night”, le groupe indie du Grand Manchester Mercy Kelly s’affirme enfin dans ce son ample, cinématographique et chargé d’émotion qu’il laissait entrevoir depuis ses débuts en 2019. Ce qui en ressort est un morceau à la fois vaste et profondément intime — un hymne sombre et envoûtant forgé dans la tension entre jeunesse, fuite et incertitude. À une époque où le rock indépendant semble souvent trop poli ou calibré pour les algorithmes, Mercy Kelly propose quelque chose d’une authenticité rafraîchissante : une chanson née d’expériences vécues, renforcée sur scène, portée non par des budgets marketing mais par un élan grassroots réel. Après des apparitions remarquées à Kendal Calling et Tramlines, ainsi que plus de 400 diffusions radio, le groupe n’est plus une découverte discrète — il s’impose avec force. Et “Out in the Night” se présente comme leur titre le plus atmosphérique, ambitieux et assuré à ce jour.


Dès les premières secondes, le morceau s’enfonce dans une énergie nocturne et brumeuse — chargée de reverb, d’ombres et de promesses inquiètes. Les textures de guitare à la Chameleons, marque de fabrique de Mercy Kelly, n’ont jamais été aussi prononcées, enveloppant l’auditeur dans des couches de delay et de lumière froide. On y perçoit une touche gothique, mais rien de théâtral ou d’artificiel : plutôt le poids émotionnel des errances nocturnes, celles où chaque lampadaire semble un signe et chaque horizon ouvert, une question. Au fil de la montée, le morceau évoque la grandeur balayée par le vent de 'The Killers' et l’introspection rugueuse de Sam Fender, tout en conservant une identité résolument propre. Les influences ne sont pas des modèles : ce sont des pressions atmosphériques qui façonnent l’ambiance sans dicter la forme. “Out in the Night” respire parce que le groupe a appris à équilibrer puissance et retenue, intensité et nuance, ambition et sincérité.


Sur le plan lyrique, le morceau explore la tension intemporelle propre à la jeunesse : ce désir de s’évader, de se réinventer, de fuir les versions de soi qui paraissent trop petites ou trop imposées. Jack Marland livre ses lignes avec un mélange d’urgence et de fragilité, transformant un simple refrain en déclaration intime. Sa voix n’essaie pas de forcer l’émotion ; elle porte plutôt le vécu de celui qui a affronté les sentiments qu’il décrit. La chanson s’adresse-t-elle à une personne, à un lieu, à un ancien soi ? L’ambiguïté est volontaire. Ce qui importe, c’est la force d’attraction, la douleur magnétique de quelque chose qui nous échappe. “Out in the Night” possède ainsi la qualité d’un montage initiatique : instants fugaces, questions en suspens, élan irrésistible vers ce qui pourrait être. Cette universalité permet au morceau de toucher un large public. Tout le monde a connu cette envie d’un ailleurs. Mercy Kelly la traduit en guitare, en rythme et en mélodie ascendante.


Instrumentalement, le groupe n’a jamais semblé aussi cohérent et dynamique. Le guitariste Adam Bridge dessine la courbe émotionnelle du morceau à travers des motifs clairs, aériens, oscillant entre mélancolie et espoir. Thomas Mullen, à la basse, constitue l’ancrage, avançant avec détermination mesurée, tandis que Connor Byrne, à la batterie, relie l’ensemble par une intensité précise mais jamais mécanique. On sent que le groupe a gagné en assurance grâce à ses performances en festival : le son est ample, assumé, pensé pour remplir l’espace. La production — signée Alex Quinn, avec qui le groupe renoue dans le cadre prestigieux de Kempston Street Studio à Liverpool (anciennement Parr Street) — donne à chaque instrument une place claire. Le morceau a la taille d’un stade, mais la confession d’un ami à une heure tardive. Le résultat ? Un single taillé pour les playlists nationales et les grandes scènes, sans perdre son cœur émotionnel.



Ce qui rend “Out in the Night” particulièrement remarquable, c’est la façon dont il fait évoluer l’esthétique de Mercy Kelly sans renier ses origines. Depuis leur formation en 2019 — d’abord en duo acoustique entre Marland et Bridge, avant l’arrivée de Mullen et Byrne — le groupe a cherché un équilibre entre atmosphère et intensité, entre nuance et mélodie. Leurs premiers morceaux montraient déjà une écriture solide, une sensibilité mélodique et une vraie maîtrise des ambiances. Mais ce nouveau single marque le moment où tout converge. Leur engagement pour la sincérité plutôt que les artifices, pour l’artisanat plutôt que la tendance, transparaît à chaque mesure. Mercy Kelly ne fabriquent pas des tubes : ils construisent quelque chose de durable. Et le fait qu’ils le fassent sans label, sans budget publicitaire, uniquement grâce au bouche-à-oreille et au soutien de leurs auditeurs, en dit long sur la force qui les anime.


“Out in the Night” témoigne aussi d’une vraie maturité artistique. Après avoir passé le printemps 2025 en studio avec Quinn et fixé l’objectif ambitieux de sortir trois singles avant la fin de l’année, le groupe semble avoir atteint une clarté nouvelle quant à son identité — et surtout son évolution. Ce n’est pas un morceau prudent, ni une répétition de ce qui a fonctionné par le passé. C’est un titre qui explore, qui étire les contours de leur esthétique. Plus sombre, plus riche, plus expansif émotionnellement, il demeure pourtant profondément Mercy Kelly : romantique sans mièvrerie, anthematique sans excès, introspectif sans inertie. Les avis de l’industrie le qualifiant “d’hymne indie rafraîchissant” ne sont pas faux, mais probablement trop modestes. “Out in the Night” n’est pas seulement un bon single — c’est une déclaration d’intention.



Dans l’ensemble, le morceau s’impose comme l’une des productions indie les plus solides et émotionnellement abouties à émerger récemment du Grand Manchester. Son mélange de profondeur, de guitares atmosphériques et de structure anthematique place Mercy Kelly parmi les voix les plus prometteuses du Nord-Ouest. Mais au-delà de ses qualités musicales, la chanson touche par sa sincérité : elle reflète des nuits vécues, une incertitude réelle, ce désir viscéral de quelque chose de plus grand. “Out in the Night” capture ce paysage émotionnel fugace avec une clarté remarquable, offrant un morceau auquel on revient volontiers. Alors que le groupe se dirige vers une série de sorties prévues en 2025, une chose devient évidente : Mercy Kelly ne se contentent pas d’enrichir leur catalogue — ils tracent leur propre place dans le paysage indie moderne. Si ce single en est l’indicateur, l’horizon vers lequel ils courent pourrait bien être plus lumineux qu’ils ne l’ont jamais imaginé.



Écrit par Ryann

 
 
 

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