top of page

"POWER OF THE PEOPLE (REMIX)" Par ZOOLOOK

  • Ryann
  • 3 juil.
  • 4 min de lecture

“Power of the People (Remix)” de ZOOLOOK est bien plus qu’une simple réinterprétation d’un morceau déjà puissant : c’est une déclaration politique et sonore qui réaffirme le rôle intemporel de la musique dans les mouvements sociaux. Sorti le 19 juin 2025, jour de la commémoration du Juneteenth – date marquant l’émancipation des esclaves afro-américains aux États-Unis – le timing de cette sortie n’est pas anodin. Poétique, hautement symbolique, et chargé de résonance, il donne tout son sens à ce remix d’un morceau déjà sorti en version radio en avril 2025. Ce nouvel arrangement d’une durée de près de sept minutes transcende le format original. C’est un voyage à travers le groove, l’histoire et la résistance — un pont entre les sonorités soul et funk des années 60 à 80, et l’urgence des enjeux actuels. Dans un contexte d’épuisement politique et de désillusion sociale, ZOOLOOK livre un morceau à la fois hymne et guérison, qui rappelle que le véritable pouvoir ne réside pas dans les institutions, mais dans le peuple.


Les premières secondes du remix installent une atmosphère à la fois suspendue et méditative. Une ligne de basse subtile émerge sous des sons ambiants lointains, évoquant à la fois les rues en colère et l’introspection intérieure. Fidèle à sa réputation de créateur de paysages sonores cinématographiques, ZOOLOOK superpose ces éléments avec soin, créant une texture à la fois aérienne et intensément vivante. L’influence des pionniers comme Jean-Michel Jarre se fait sentir dans les nappes synthétiques, tandis que la structure rythmique évoque la précision et le groove méthodique d’un Bernard Edwards (Chic). Chaque choix musical semble ancré dans l’héritage afro-diasporique, tout en regardant résolument vers l’avenir. Lorsque le beat entre enfin — solide, funk et posé — l’auditeur est happé par une boucle rythmique hypnotique, semblable à une marche de protestation : constante, déterminée et collective.


"Power of the People" repose sur une seule phrase fulgurante : « The power of the people is greater than the people in power. » Cette citation, empruntée au discours marathon du sénateur Cory Booker au Sénat américain (25 heures d’affilée), est devenue la pierre angulaire du morceau. Plutôt que de saturer le titre de couplets ou de messages complexes, ZOOLOOK choisit de laisser cette phrase résonner, se répéter, se décliner — comme un mantra ou une incantation. Ce choix donne au morceau une dimension à la fois spirituelle et militante. Loin de lasser, cette répétition renforce la portée du message. À chaque itération, la phrase gagne en densité, portée par de subtiles variations harmoniques, des couches d’instruments nouvelles, et un mixage vocal nuancé. ZOOLOOK livre ce message avec calme et conviction — une présence vocale à la fois intime et universelle.


Ce remix est un modèle de construction sonore et de maîtrise du tempo. D’une durée de 6 minutes et 45 secondes, le morceau prend son temps, progresse par vagues, et évolue sans jamais se presser. Ce rythme posé permet à l’auditeur de pleinement s’immerger dans l’univers émotionnel et sonore proposé. La ligne de basse, véritable colonne vertébrale de la composition, est groovy sans être démonstrative : elle soutient l’ensemble avec finesse et intention. Au milieu du morceau, une guitare funky émerge, ponctuée de riffs wah-wah qui rappellent l’âge d’or du funk engagé des années 70. Ces textures donnent au remix une touche vintage assumée, mais la production reste résolument contemporaine. L’équilibre entre chaleur analogique et clarté numérique est admirable, rendant chaque son à la fois familier et inédit.



Vers la quatrième minute, le morceau bascule dans une phase plus introspective. Une pause instrumentale s’installe, marquée par des claviers éthérés et des échos vocaux qui tournoient comme des prières ou des souvenirs. ZOOLOOK crée ici un espace de respiration, de réflexion, presque de méditation. Ce moment invite l’auditeur à réfléchir non seulement au texte, mais à ce qu’il représente dans une histoire plus vaste — celle de la résistance noire, des mouvements de libération, de la mémoire collective. Ce passage s’apparente à une liturgie laïque, dans la tradition des freedom songs et des spirituals afro-américains, où la musique transcende le simple divertissement pour devenir un outil de guérison et de transformation. Lorsque le rythme revient, plus riche et plus vibrant qu’au début, le morceau atteint son apogée avec subtilité, laissant l’auditeur à la fois exalté et apaisé.


Ce qui distingue "Power of the People (Remix)" de la majorité des morceaux engagés contemporains, c’est son refus du sensationnalisme. ZOOLOOK ne crie pas. Il ne cherche pas l’effet de choc, ni la viralité instantanée. Il privilégie la patience, la clarté et la profondeur. Son objectif n’est pas de provoquer une réaction éphémère, mais de semer des graines. Le résultat est un morceau intemporel. Il pourrait figurer dans une playlist aux côtés de Curtis Mayfield (We the People Who Are Darker than Blue), Gil Scott-Heron (The Revolution Will Not Be Televised), ou plus récemment Childish Gambino (This Is America). Mais là où ces morceaux expriment souvent l’indignation ou le chaos, ZOOLOOK choisit la continuité et l’empowerment. C’est un pont sonore entre le passé et le présent, entre la révolution et la méditation, entre les individus et leur pouvoir collectif. Dans un monde saturé de bruit, "Power of the People (Remix)" se démarque par son écoute — l’écoute de l’histoire, du rythme, et surtout, des voix du peuple.



Ècrit par Ryann

 
 
 

Comments


bottom of page