"PS" Par Anton Anrén Et Apez
- Ryann
- 30 juil.
- 3 min de lecture

Dans le paysage actuel de la pop — où le détachement émotionnel est trop souvent perçu comme une forme de « cool » — l’artiste suédois Anton Anrén apporte un contrepoint rafraîchissant. Son dernier single, "PS", coécrit et produit avec APEZ (Alex Papadimas), est une pièce pop concise mais audacieuse sur le plan émotionnel, qui aborde avec finesse l’importance de la franchise, de la clôture, et de l’acceptation de soi. Avec une production épurée et une sensibilité mélodique qui n’est pas sans rappeler des artistes comme Lauv ou Jeremy Zucker, "PS" ne cherche pas à briller par l’exubérance. C’est une chanson conçue pour capter un instant de clarté intérieure, où l’on dit ce que l’on pense, sans fioritures, sans regrets. Une forme de pop sincère et directe, qui s’adresse à ceux qui osent vivre pleinement.
La chanson s’ouvre sur une production minimaliste mais élégante — des synthés discrets, une percussion nette, et un jeu vocal en douceur qui nous plonge immédiatement dans l’univers d’Anton. Les paroles sont volontairement simples, presque dénudées, ce qui fait toute leur force. Dans un monde où les "PS" — les post-scriptums — deviennent souvent des lieux d’émotions refoulées, de vérités qu’on n’ose pas dire, Anton retourne la situation : et si on disait tout maintenant, clairement, sans avoir besoin d’ajouter quelque chose après ? Cette idée de courage émotionnel est rare dans l’écriture pop moderne, qui préfère souvent la nostalgie ou l’ambiguïté. Anton et APEZ parviennent ici à créer une chanson complète sur le plan émotionnel, qui touche aux relations humaines, à l’honnêteté, et à cette volonté intime de vivre en étant aligné avec soi-même.
"PS" ne s’appuie ni sur des montées en puissance spectaculaires ni sur des orchestrations grandioses. Sa force réside dans sa retenue, dans son équilibre maîtrisé. Le rythme est régulier, presque méditatif, et les lignes mélodiques sont aériennes mais ancrées, reflétant à la fois la fragilité et la certitude qui naissent du fait d’assumer ses mots. La production d’APEZ est moderne, limpide, d’inspiration internationale — un mélange subtil entre la précision du son scandinave et la chaleur plus organique de la pop indie. Quelques touches de guitare, des doublages vocaux bien placés, une esthétique élégante : tout est au service du message. C’est typiquement le genre de morceau qu’on insère dans une playlist chill, mais qui prend toute sa profondeur au fil des écoutes.
Le parcours d’Anton Anrén jusqu’à cette chanson est tout aussi remarquable. Actif dans la musique depuis 2017, il a longtemps œuvré dans l’ombre — en tant que producteur, songwriter, et collaborateur avec plusieurs grands noms de la scène suédoise. Cette expérience, il ne l’a pas seulement acquise en studio, mais aussi dans l’art plus subtil de comprendre l’émotion humaine et de la traduire en chanson. Et cette sagesse, on la ressent dans "PS". Ce titre, même s’il semble être une percée ou un “premier pas” pour le grand public, est en réalité l’aboutissement d’un long chemin artistique. Anton n’est pas un débutant. C’est un créateur aguerri qui choisit aujourd’hui de se dévoiler en tant qu’artiste solo, avec une sincérité rare. Sa récente prise de contact avec ADA, le label indépendant affilié à Warner, prouve d’ailleurs que sa démarche n’est pas passée inaperçue dans l’industrie.
Mais ce qui impressionne le plus dans l’évolution d’Anton, c’est son refus de céder à la précipitation. Là où d’autres, avec son bagage, auraient peut-être tenté un tube calibré pour les radios, lui choisit une approche plus intimiste. Avec "PS", il ne cherche pas à épater — il cherche à toucher, à dialoguer, à communiquer une émotion réelle. C’est un choix audacieux, presque à contre-courant, qui révèle une vision artistique forte : construire une œuvre sincère, plutôt que suivre les tendances. Son duo avec APEZ, fluide et complice, confirme cette volonté d’authenticité. On sent ici une collaboration profonde, respectueuse du sens, loin des featurings fabriqués pour le marketing.
"PS" est bien plus qu’un single prometteur : c’est une déclaration d’intention. C’est un morceau qui dit tout haut ce que beaucoup ressentent tout bas — qu’il est temps d’arrêter de tourner autour du pot, de vivre sans remords, de parler sans post-scriptum. Anton Anrén, avec cette première sortie solo, pose les bases d’un univers musical sincère, construit sur des années d’expérience et une maturité émotionnelle palpable. Ce n’est pas un simple début : c’est un choix artistique assumé, qui augure d’une suite passionnante. Et si "PS" nous apprend une chose, c’est que parfois, le plus puissant des messages tient en quelques mots — à condition de les dire avec le cœur.
Ècrit par Ryann









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