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"PSYCHEDELIKA Pt. 1." Par The New Citizen Kane

  • Ryann
  • il y a 6 jours
  • 5 min de lecture
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Avec "PSYCHEDELIKA Pt. 1", The New Citizen Kane ne revient pas avec un simple projet, mais avec un portail. Ce premier volet de son œuvre maîtresse est présenté comme « un regard kaléidoscopique sur la vie à travers un prisme non filtré — parfois surréaliste, parfois brut, toujours vulnérable et profondément humain », et l’album tient remarquablement cette promesse. Vision entièrement autodidacte — chaque son, chaque émotion, chaque image provenant uniquement de son processus créatif — il s’inscrit dans la lignée des albums visuels profondément personnels tout en refusant leurs codes familiers. Kane a toujours décrit la mémoire comme une forme de mélodie, mais ici il agit davantage comme un cartographe : il cartographie les zones instables entre sensation et réflexion, nostalgie et hallucination, chagrin et transcendance. Il en résulte un écosystème immersif où les chansons ne se contentent pas de jouer — elles se réfractent, résonnent et changent comme la lumière traversant un vitrail. Après l’ambition cinématographique de 'The Tales of Morpheus', qui rompait près d’une décennie de silence et le réintroduisait comme un artiste qui ne produit pas seulement de la musique mais construit des mondes, "PSYCHEDELIKA Pt. 1" semble être son évolution suivante. Plus affûté, plus audacieux, plus étrange et pourtant plus intime, c’est le son de quelqu’un qui ne revient plus — mais qui arrive enfin.


L’album s’ouvre sur « Welcome To Psychedelika », une invocation brève mais puissante qui ressemble à un prologue d’un rêve que l’on n’est pas certain d’avoir accepté de faire. Plutôt que de ménager l’auditeur, Kane le plonge directement au cœur du vortex : nappes de synthés pulsant comme des neurones en activité, murmures désincarnés flottant à la frontière du compréhensible, impression de franchir un seuil vers un monde à la fois intérieur et cosmique. Ce n’est pas une simple introduction mais une dissolution cinématographique, annonçant un album qui ne progressera pas de manière linéaire, mais par vignettes émotionnelles. Cette philosophie se prolonge dans « I Don’t Need To Say – Radio Edit », où la production de Kane gagne une clarté cristalline — percussions rapides et nettes enveloppées de fragments mélodiques scintillants. Le morceau fonctionne comme une méditation sur la retenue, sur l’idée que la vérité réside souvent dans ce que l’on choisit de ne pas dire. Sa voix, stratifiée et atmosphérique, glisse avec une vulnérabilité détachée ; elle n’est pas confessionnelle dans le sens traditionnel, mais elle révèle proximité et délicatesse par sa seule texture. Dès le deuxième titre, l’univers émotionnel de l’album est clair : une tension subtile entre retenue et libération, intimité et distance.


« Here, Now » et « My Muse » prolongent cet arc thématique en plongeant dans le cœur émotionnel du disque. « Here, Now » est l’un des moments les plus enracinés de l’album, construit sur des lignes de synthé en expansion et une structure rythmique qui imite la respiration — inspirer, expirer, se dissoudre. Kane y explore la présence, l’acte de se tenir face à sa propre vie même lorsque le sol semble se dérober. La retenue du titre est trompeuse ; sous son architecture aérienne se cache une tempête d’émotions. « My Muse », en revanche, est le premier véritable flirt avec l’euphorie. C’est une lettre d’amour lumineuse et cinétique — non pas à une personne, mais à l’inspiration elle-même. La voix de Kane, légère mais chargée d’émotion, flotte au milieu d’une production à la fois néon et légèrement floue, comme le monde vu par quelqu’un qui retombe amoureux du geste de créer. Ensemble, ces deux titres posent l’une des tensions clés du projet : l’attraction entre immobilité et mouvement, introspection et propulsion, monologue intérieur et spectacle extérieur.


Quand arrive le single phare « San Diego », l’album révèle pleinement son cœur cinématographique. C’est peut-être la plus parfaite incarnation de l’esthétique de Kane — « le son de la mémoire enveloppée dans la mélodie ». « San Diego » est saturé de nostalgie sans jamais tomber dans le sentimentalisme ; c’est sa force. La production est lumineuse, ample, baignée de soleil, mais traverse en profondeur une douleur sourde. Kane utilise la géographie comme un symbole émotionnel — San Diego comme lieu d’évasion, de transformation, de rupture ou de renaissance. Le morceau fleurit au ralenti, culminant dans un refrain à la fois euphorique et hanté. Cette dualité est la marque de Kane : chaque synthé brillant porte son ombre, chaque moment dansant dissimule un fantôme. La vidéo qui l’accompagne renforce cette impression, cadrant la chanson non comme un souvenir mais comme une hantise — quelque chose qui reste après que le moment est passé. Qu’il soit devenu le single principal ne surprend pas : il résume avec précision l’essence de "PSYCHEDELIKA Pt. 1."



Le trio « Eyes Wide Shut », « Subconscious (Primordial Radio Mix) » et « Well, Damn! Here You Are » plonge ensuite l’album dans ses territoires les plus audacieux, explorant désorientation, révélation et collision émotionnelle. « Eyes Wide Shut » porte une tension voyeuriste, mêlant pulsations électroniques et nappes atmosphériques évoquant l’introspection nocturne. La voix de Kane devient presque spectrale — proche mais distante, intime mais insaisissable. « Subconscious » bascule vers une énergie plus brute ; sa version Radio Mix est abrasive, hypnotique et viscérale, avec une ossature percussive plus rituelle que rythmique. C’est un morceau qui ne cherche pas à plaire mais à provoquer une réaction — à sortir l’auditeur de sa zone de confort pour l’entraîner dans l’instinctif. « Well, Damn! Here You Are » rompt cette tension d’un coup sec, émotionnel et urgent. Le titre lui-même évoque la confrontation et le morceau tient parole : une collision d’adrénaline, de reconnaissance et de vulnérabilité. Kane excelle dans ces virages émotionnels soudains ; il sait que les paysages intérieurs ne sont pas ordonnés, et refuse de les aseptiser. Il raconte non pas l’histoire, mais l’expérience brute d’y être confronté.


Dans son dernier arc, l’album déploie ses idées les plus larges à travers « Whispering Tango », « Push The Fear Out », « Bite The Bullet » et « As Within, So Without ». « Whispering Tango » est l’un des sommets — sombre, sensuel, rythmiquement complexe, tissant ses influences avec minutie. On dirait une danse entre deux fantômes : délicate, dangereuse et étrangement tendre. « Push The Fear Out » est cathartique, porté par un rythme propulsif qui avance comme un mantra. La production de Kane alterne entre méditation et explosion, créant un espace sonore qui encourage la libération. « Bite The Bullet » constitue l’un des pics émotionnels — une confrontation avec la vérité enveloppée dans une tension électronique fébrile. Puis « As Within, So Without » élargit cette introspection en réflexion philosophique. À la fois cosmique et personnelle, elle réaffirme le motif central de l’album : nos mondes intérieurs façonnent les univers que nous bâtissons autour de nous. Les synthés, superposés comme des constellations mouvantes, font flotter la voix de Kane comme une étoile guide. À ce stade, l’album dépasse le simple récit électronique pour devenir un rituel, une mythologie sonore.


La conclusion — « It’s Saturday & I’m High » et « Café Life » — ramène l’auditeur vers quelque chose de plus intime et terrestre sans perdre le vernis surréaliste du projet. « It’s Saturday & I’m High » est à la fois ludique et introspectif, capturant cet espace liminal où joie, engourdissement et curiosité s’entrecroisent. C’est une scène apparemment banale qui révèle pourtant des univers émotionnels entiers. Kane excelle dans ces instants où l’ordinaire devient révélateur. Enfin, « Café Life » atterrit comme un souffle. C’est un morceau chaud, texturé, observateur. Après un album traversé de batailles intérieures et de visions cosmiques, « Café Life » ressemble à une pause près d’une fenêtre, à regarder enfin le monde extérieur. Kane y est au plus humain, au plus nu, au plus délicatement profond. Le morceau ne clôt pas l’album — il l’ouvre. Lorsque les dernières notes s’évanouissent, on comprend que "PSYCHEDELIKA Pt. 1" n’est pas fait pour être compris, mais pour être vécu. Et tout indique que les prochains volets ne feront qu’approfondir ce monde immersif.



Écrit par Ryann

 
 
 

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