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"WOMAN" Par Kailie Simpson

  • Ryann
  • 19 oct.
  • 5 min de lecture
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Le rock a toujours été synonyme de rébellion — faire exploser les portes, monter le son et exiger d’être entendu. Avec “WOMAN”, Kailie Simpson fait tout cela à la fois, et le fait avec des talons aux pieds. Son nouveau single est un hymne tonitruant, espiègle et résolument féminin, qui capture la fougue du rock classique et le souffle d’une rébellion pop moderne. Ce n’est pas une chanson militante, mais elle a quelque chose de révolutionnaire : une déclaration joyeuse selon laquelle les femmes du rock n’ont plus besoin de demander leur place — elles la possèdent déjà.


Dès le premier coup de batterie, “WOMAN” annonce la couleur : elle ne vient pas pour jouer les timides. Le riff de guitare déboule avec un mélange de rugosité et d’insolence, suivi d’une ligne de basse qui avance avec assurance, presque comme un défilé. Puis la voix de Simpson perce le vacarme — rauque, assurée, et pleine d’attitude. Elle ne chante pas : elle commande. Ses vocaux oscillent entre puissance brute et sourire narquois. C’est le son d’une femme qui sait exactement qui elle est et ce qu’elle veut. « We don’t need you, we just want you », lance-t-elle dans le refrain, avec une ironie délicieuse. Une phrase qui résume parfaitement l’esprit de la chanson — séductrice sans soumission, farouche sans excuse.


Ce qui rend “WOMAN” si marquante, ce n’est pas seulement son message, mais la façon dont Simpson le transmet. Elle évite soigneusement les pièges de la chanson d’empowerment trop sérieuse ou trop appuyée. Ici, tout n’est que jeu et liberté — une invitation à danser, à rire, à hurler les paroles à plein poumons dans une salle bondée. La production, signée Tommy McCormick et Gabe Valle (Big And Tall Recording), capture parfaitement cette énergie. Chaque élément semble vivant : les guitares crépitent, les percussions grondent, et la voix résonne comme dans un club de rock en sueur, tard dans la nuit. C’est le genre de morceau taillé pour la scène, pour les lumières vives et les bottes qui frappent le sol.


“WOMAN” se situe à la croisée des époques. On y entend le grain du rock des années 70 — les Stones, Joan Jett, Heart — fusionner avec la fougue du rock alternatif du début des années 2000 : The Hives, Jet, The White Stripes. On y retrouve même une touche bluesy à la Bonnie Raitt ou Sheryl Crow. Pourtant, rien ne sonne comme une imitation. Simpson digère ses influences et en fait quelque chose de singulier — familier, mais résolument neuf. Le son de sa guitare a ce grain vintage, rugueux et sensuel à la fois, presque palpable. Le solo, placé vers le pont, est un moment fort : brut, instinctif, et merveilleusement humain, comme s’il avait été capté en une seule prise.


Côté paroles, “WOMAN” oscille avec élégance entre la provocation et la liberté. Pas de sermons, pas de posture militante, juste de la joie et de la confiance. Lorsqu’elle chante « Don’t need a savior, I’ve got my own fire », elle ne se défend pas : elle célèbre. Le génie de la chanson réside dans son refus de transformer l’émancipation en opposition. Il ne s’agit pas d’écraser l’autre, mais de s’élever — en riant, en dansant, et en emmenant les autres avec soi. L’écriture de Simpson brille ici parce qu’elle sonne vécue — ancrée dans le réel, sincère, et vibrante. Si son premier album, salué en 2023 pour son introspection et sa recherche identitaire, évoquait la découverte de soi, “WOMAN” marque une nouvelle ère — celle de l’assurance, de l’énergie brute et du pur plaisir. L’évolution sonore est saisissante : là où son premier opus jouait parfois la retenue, ce nouveau morceau explose littéralement. Les guitares sont plus sales, les batteries plus musclées, la voix plus audacieuse. C’est un pas en avant, naturel et nécessaire, celui d’une artiste qui assume pleinement sa puissance.


Ses collaborateurs, McCormick et Valle, méritent les éloges pour avoir su amplifier cette essence sans la lisser. Ils signent une production à la fois ample et organique : assez brillante pour la radio, mais encore rugueuse pour garder son authenticité rock. L’ensemble dégage une dimension cinématique — guitares en couches, chœurs réverbérés, éclats de son — tout en préservant une intimité rare. On sent le sourire dans sa voix, le claquement de ses talons sur le plancher du studio.


Écouter “WOMAN”, c’est comme assister à un concert de Kailie Simpson. Celles et ceux qui l’ont vue sur des scènes mythiques comme The Cutting Room ou The Whisky A Go Go savent à quel point elle électrise le public. Sur scène, elle est pure énergie : elle fait tourner le micro, lâche un rire au milieu d’un riff, fixe la foule comme pour la défier. Cette intensité se retrouve ici, intacte. Le morceau respire, pulse, vit — comme s’il se gonflait d’adrénaline à mesure que la chanson avance.



Ce qui rend “WOMAN” particulièrement rafraîchissante, c’est qu’elle assume pleinement sa féminité. Trop souvent, les artistes rock féminines se voient poussées à « durcir » leur image pour paraître légitimes dans un genre historiquement masculin. Simpson renverse cette logique. Sa féminité n’est pas un accessoire — c’est son carburant. Le rouge à lèvres, les rires, la démarche assurée — tout cela fait partie de sa force. Elle ne cherche pas à prouver qu’elle peut jouer dans la cour des grands : elle fait en sorte que les grands veuillent jouer avec elle. Elle s’inscrit ainsi dans la lignée des pionnières qui ont redéfini la place des femmes dans le rock : de Debbie Harry à Alanis Morissette, en passant par Hayley Williams.


On sent aussi, derrière la fougue, une émotion plus intime : celle d’un hommage. Simpson a souvent expliqué qu’elle avait écrit “WOMAN” pour célébrer toutes les femmes du rock — pas seulement celles sur scène, mais aussi les productrices, ingénieures, photographes et fans qui font vivre ce monde. Cette idée traverse le morceau comme une étincelle. Dans le dernier refrain, les chœurs féminins s’élèvent — un cri collectif, une célébration. Ce n’est pas un chant parfait, c’est un tumulte de voix, de rires et d’énergie brute. Un cri d’unité, d’exubérance, d’appartenance.



Dans la trajectoire de sa carrière, “WOMAN” apparaît comme un manifeste. Simpson ne sort pas seulement un single : elle ouvre un chapitre. Avec plusieurs nouvelles chansons en préparation, elle s’impose peu à peu comme une figure incontournable du rock moderne — un pont entre nostalgie et renouveau, entre vulnérabilité et puissance. Sa plume continue d’évoluer vers quelque chose de rare aujourd’hui : un rock à la fois intime et fédérateur. À une époque où le genre semble tiraillé entre le pop-rock lisse et l’indie introspectif, Simpson parvient à trouver ce juste équilibre entre authenticité et accessibilité.


Et c’est peut-être là le plus grand triomphe de “WOMAN.” Elle nous rappelle que le rock, au fond, est une affaire de sensations. Il doit faire battre le cœur, donner envie de bouger, de sourire, de hurler. Il doit être fun. Et Simpson rend tout cela possible. Son single est une déflagration de joie, un rappel que la rébellion peut être glamour, et que la confiance peut être contagieuse. Quand le dernier accord s’éteint, impossible de ne pas se demander ce qui viendra ensuite. Si “WOMAN” ouvre cette nouvelle ère, le monde du rock ferait bien de se préparer — car elle ne demande pas la permission. Elle entre, sourit, et monte le volume à fond. “WOMAN” n’est pas seulement une chanson : c’est une déclaration — fière, bruyante et irrésistible. La preuve que le rock’n’roll est non seulement vivant, mais qu’il porte du rouge à lèvres, des bottes, et un sourire qui dit : essaie donc de suivre.



Écrit par Ryann

 
 
 

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