"WANDER STILL" Par Ulrich Jannert
- Ryann
- il y a 2 jours
- 6 min de lecture

À une époque où une grande partie de la musique contemporaine semble s’enfermer dans l’ironie, la distance et les tendances éphémères, le nouvel album d’Ulrich Jannert se présente comme une déclaration d’intention sincère et rafraîchissante. Mélange d’introspection, d’optimisme et de maîtrise technique, ce disque parvient à être à la fois profondément personnel et universellement résonant. L’identité musicale de Jannert a toujours reposé sur l’authenticité — globe-trotter d’origine allemande installé aujourd’hui en Europe du Nord, il transforme ses expériences en mélodies qui évoquent le mouvement intérieur et les paysages changeants de la découverte de soi. À travers six nouveaux morceaux et une sélection de titres marquants parus plus tôt cette année, l’album forme un ensemble cohérent, à la fois bande-son de la réflexion et célébration de la vitalité humaine. Le résultat n’est pas seulement un album qui sonne bien — c’est un album qui fait du bien.
Ce qui rend la musique de Jannert si captivante, c’est la combinaison rare entre précision technique et transparence émotionnelle. Dès le morceau d’ouverture, "Wander Still," l’auditeur est accueilli par une impression d’espace cinématographique — un paysage sonore où percussions claires, guitares pleines d’âme et nappes synthétiques s’entrelacent harmonieusement. Le titre se déploie comme un lever de soleil, s’enrichissant peu à peu en couleurs et en textures, miroir du thème central de l’album : le mouvement dans la quiétude. À la fois enraciné et aérien, le morceau avance avec une douceur rythmique qui pousse subtilement l’auditeur à aller de l’avant. Les choix de production sont délibérés, mais toujours organiques : Jannert privilégie la clarté à la complexité, laissant respirer chaque instrument. Ce sens de l’équilibre sonore devient une signature tout au long du disque. « Not Too Late for You », deuxième titre, confirme cette impression par son alliance fluide entre la chaleur du Country Rock et le groove du R&B. C’est un message d’espoir et de renouveau : l’optimisme qu’il dégage n’est pas naïf, mais mûri. Le refrain — « it’s not too late to find your light » — sonne comme la véritable profession de foi de l’album.
Le cœur émotionnel du projet se révèle sans doute avec « Step Into the Light » et « True to YOU », deux chansons qui témoignent de la maturité croissante de l’écriture de Jannert. « Step Into the Light » repose sur un tempo régulier et lumineux, soutenu par des accords soul rappelant le meilleur du soft rock des années 1970 — on pense à Boz Scaggs ou Hall & Oates, réinterprétés ici à travers un prisme européen contemporain. L’arrangement est méticuleux sans jamais être prétentieux ; Jannert évite la surproduction, laissant sa voix — chaude, assurée, finement texturée — transmettre toute l’émotion. Dans « True to YOU », le ton devient plus introspectif. C’est une ballade mid-tempo qui célèbre la beauté de l’imperfection et la recherche de l’alignement intérieur. La guitare électrique y brille d’un éclat méditatif, soutenue par une section rythmique à la fois apaisante et dynamique. Cette dualité — entre réflexion intérieure et élan vital — définit tout l’univers créatif de Jannert. Il ne se contente pas d’écrire des chansons « feel good » : il compose des morceaux qui explorent la manière d’accéder à ce bien-être par l’authenticité et la conscience de soi.
Ce qui frappe le plus à l’écoute de l’album, c’est la capacité de Jannert à fusionner les genres sans jamais tomber dans l’imitation. Son style oscille naturellement entre Soul Rock, Modern & Southern Country Rock et R&B contemporain, sans appartenir complètement à l’un d’entre eux. Des titres comme « True Glow » et « Sunrise Direction » en sont les exemples parfaits. « True Glow » est peut-être le morceau le plus entraînant du disque — un hymne au groove porté par des harmonies vocales superposées et une instrumentation raffinée. Il allie la chaleur de l’esthétique analogique à la précision du studio moderne : la production brille sans perdre son intimité. « Sunrise Direction », quant à lui, évoque le voyage — c’est le genre de morceau qu’on imagine écouter au volant, au lever du soleil, face à l’horizon. L’entrelacement des guitares acoustiques et électriques lui confère une intemporalité rare. Les paroles, empreintes de gratitude et de renouveau, traduisent la philosophie de Jannert : l’optimisme non pas comme une fuite, mais comme un acte conscient de création. Il invite l’auditeur à « enjoy and shape your galaxy », une devise récurrente qui résume à la fois sa vision et l’essence de sa musique.
Sur le plan de la production, cet album est une véritable étude de l’équilibre — le genre d’œuvre qui récompense l’écoute attentive. Jannert, qui écrit, compose et produit l’intégralité de ses titres, démontre une maîtrise impressionnante de l’architecture sonore. Chaque morceau est sculpté avec précision : les guitares scintillent sans dominer, les percussions ancrent le mix sans rigidité, et les lignes de basse — souvent mélodiques — font subtilement avancer les chansons. On note aussi une utilisation intelligente des couches vocales et des technologies sonores modernes. Plutôt que de masquer les imperfections, Jannert s’en sert comme d’un outil expressif, adaptant le timbre de sa voix à l’émotion propre à chaque titre. Cette approche évoque la sophistication en studio d’artistes comme Peter Gabriel ou Beck, pour qui le studio est à la fois un laboratoire et un sanctuaire. Le résultat est une production moderne mais profondément humaine — soignée, mais jamais aseptisée.
Sur le plan lyrique, Jannert trace une ligne fascinante entre récit personnel et réflexion philosophique. Ses paroles fonctionnent souvent comme des affirmations poétiques. Les thèmes de la résilience, du renouveau et de la présence y sont fréquents, mais toujours traités avec sincérité. « A Fake You Won’t Make You Free » aborde la question de l’authenticité à l’ère numérique, tandis que « There’s a Shadow on My Shoulder » explore la coexistence de la lumière et de l’ombre en soi. Ces morceaux pourraient aisément tomber dans le cliché entre d’autres mains, mais Jannert les transcende grâce à sa nuance émotionnelle et à son phrasé naturel. Son écriture invite à l’introspection plutôt qu’à la morale. Même dans « Nomad Heart », hymne à la liberté et au mouvement, il reconnaît la solitude qui accompagne le voyage — qu’il soit géographique ou intérieur. « Mind Over Matter », l’un des titres de clôture, résume à merveille la philosophie de l’album : l’optimisme n’est pas une foi aveugle, mais une discipline — un choix de canaliser son énergie vers la création plutôt que la plainte.
Pris dans son ensemble, l’album ressemble moins à une simple collection de chansons qu’à une méditation cohérente sur l’alignement — entre le monde intérieur et extérieur, entre la pensée et l’émotion, entre la technologie et l’humanité. C’est aussi un jalon important dans l’évolution artistique d’Ulrich Jannert. Parti d’expérimentations lo-fi minimalistes il y a plusieurs années, il atteint aujourd’hui un niveau de composition et de production bien plus sophistiqué, sans jamais perdre l’intimité originelle de son art. La fusion des genres n’a rien d’un artifice : elle reflète naturellement le parcours d’un musicien voyageur, tant sur le plan géographique qu’émotionnel. Cette sensibilité globale, combinée à une oreille européenne pour la mélodie et le groove, confère à sa musique une accessibilité universelle. On imagine aisément ces chansons séduire aussi bien les amateurs d’Americana que de neo-soul ou de pop-rock contemporaine.
S’il fallait retenir une qualité qui unifie l’ensemble, ce serait la sincérité. À une époque saturée de contenus, où l’ironie passe souvent pour de la profondeur et la viralité pour de la valeur, le travail de Jannert se distingue par son honnêteté. Il ne court pas après les tendances ; il cherche la connexion. Le fait qu’il rassemble déjà plus de 190 000 auditeurs mensuels sur Spotify grâce à une croissance purement organique en dit long sur son authenticité. Cet album, dans ce contexte, agit à la fois comme une consécration et comme un nouveau départ — une avancée confiante vers la lumière artistique qu’il poursuit depuis toujours. Il y a dans cette musique une dimension presque thérapeutique : on ne se contente pas de l’écouter, on se sent réaccordé par elle. Pour les auditeurs en quête de positivité sans naïveté, de sophistication sans prétention, et de groove sans artifices, ce disque tient toutes ses promesses.
Le nouvel album d’Ulrich Jannert n’est pas qu’un ensemble de morceaux entraînants — c’est une expérience d’écoute consciente. C’est une musique d’énergie, de résonance et d’intention. Elle rappelle que la positivité peut être profonde, que la simplicité peut être courageuse, et que la sincérité, lorsqu’elle s’allie à la maîtrise, peut encore déplacer des montagnes dans la musique moderne. Que l’on soit séduit par les lignes de guitare pleines d’âme, la poésie introspective des paroles ou l’alchimie subtile de la production, une chose est certaine : le travail de Jannert invite à ralentir, à s’accorder et à laisser la musique réorienter notre boussole intérieure. C’est un rappel éclatant que le voyage — musical ou existentiel — mérite d’être vécu, surtout lorsqu’il est guidé par un son aussi authentique.
Le nouvel album d’Ulrich Jannert est une œuvre magnifiquement produite, émotionnellement intelligente et résolument ouverte sur les genres. À la fois techniquement abouti et profondément humain, il s’impose comme un disque à réécouter, et confirme Jannert comme l’une des voix indépendantes les plus sincères et fascinantes de la scène musicale actuelle.
Écrit par Ryann









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