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“WHEN I TAKE THE FIVE” Par Marc Soucy

  • Ryann
  • 19 mai
  • 3 min de lecture


Le morceau “When I Take The Five” que Marc Soucy vient de publier, accompagné d’un clip vidéo, est bien plus qu’une simple réédition rétro : c’est une véritable capsule temporelle. Enregistrée en live en 1983, cette performance vibrante met en vedette Soucy au piano, aux côtés de Jeff Carano (basse) et Ray Lavigne (batterie). Elle nous offre une fenêtre rare sur la naissance de la voix créative du compositeur. Ressuscité en 2025 sur les plateformes comme Spotify, Apple Music, Vevo et YouTube, le morceau se présente comme une étincelante déclaration d’intention, légère et jazzy, où formation académique et liberté expressive se rencontrent avec élégance. Ce titre apparaît comme une pépite oubliée, révélant non seulement les premières explorations musicales de Soucy, mais aussi la vitalité d’une performance improvisée encore captivante plus de quarante ans plus tard.


Ancré dans le jazz-rock fusion, “When I Take The Five” penche nettement du côté jazz de l’équation. Contrairement aux œuvres ultérieures de Soucy dans le cadre de son projet Antartica—souvent marquées par l’usage de synthétiseurs et de structures progressives—ce morceau se distingue par une approche minimaliste, mettant en valeur le piano acoustique de manière pure et directe. L’absence d’orgue ou de claviers électroniques permet de focaliser toute l’attention sur le jeu pianistique de Soucy, à la fois agile, expressif et ludique. Il navigue entre les gammes chromatiques, les lignes de basse en mouvement et les modulations harmoniques avec une joie palpable. L’interaction au sein du trio est fluide, spontanée, presque télépathique : la batterie de Lavigne est précise mais détendue, tandis que la basse mélodique de Carano apporte un ancrage souple et chantant.


Ce qui rend cette performance particulièrement attachante, c’est son ton léger et son esprit d’expérimentation juvénile. On perçoit chez Soucy une excitation intellectuelle, celle d’un musicien en pleine découverte de la richesse stylistique du jazz, tout en laissant entrevoir des influences plus électriques. La composition oscille entre des motifs entraînants et des passages plus libres, sans jamais perdre son élan. L’ombre de Chick Corea ou Herbie Hancock semble planer, mais le style reste personnel et moins poli—et c’est tant mieux. Cette absence de vernis donne au morceau une fraîcheur immédiate, comme si l’on assistait à une répétition plutôt qu’à un concert. Le trio ne se contente pas de jouer une pièce : il l’explore, la redéfinit à chaque instant.


Un autre aspect remarquable est la qualité sonore du morceau, qui résiste étonnamment bien au passage du temps. L’enregistrement, bien que modeste et fidèle à l’époque, conserve une chaleur et une clarté qui laissent s’exprimer toute la richesse du jeu instrumental. Il ne cherche pas à se moderniser ou à s’inscrire dans une esthétique contemporaine, et c’est précisément cette authenticité qui le rend si pertinent aujourd’hui. Le morceau nous transporte dans un moment bien précis—l’année 1983—où trois musiciens se retrouvent dans une pièce, sans prétention, mus par le simple plaisir de jouer ensemble.



Le contexte historique autour de cette sortie ajoute encore à sa valeur. “When I Take The Five” marque une étape importante dans la vie musicale de Marc Soucy une œuvre née à l’intersection de son apprentissage du piano jazz et de sa passion pour le rock progressif. Cette dualité transparaît dans la composition : elle swingue avec finesse mais avance avec une énergie que l’on pourrait qualifier de rock. Dans un monde musical contemporain où les frontières entre genres sont de plus en plus floues, ce morceau témoigne d’une démarche déjà avant-gardiste à l’époque. Soucy, visiblement, se sentait déjà à l’aise avec l’idée de brouiller les lignes stylistiques.



“When I Take The Five” n’est pas simplement un objet de nostalgie : c’est une célébration des débuts artistiques. Pour les amateurs de longue date de Marc Soucy comme pour ceux qui découvrent son univers, ce titre propose une facette différente, plus épurée, plus directe que ses œuvres synthétiques ultérieures. C’est un morceau accueillant, mélodique, rythmé avec malice, et surtout traversé par une sincérité rare. On entend trois musiciens jouer, oui, mais surtout s’amuser, s’écouter, se surprendre. Un vrai plaisir d’écoute, et un bel hommage aux commencements, à ces instants fondateurs où naît la voix d’un artiste.



Ècrit par Ryann

 
 
 

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